Depuis début Janvier nous avons lancé le challenge de lire la Bible ensemble, c’est à dire en Église. Je me réjouis de voir que vous êtes nombreux à relever le défi et que vous avez faim et soif de mieux connaitre le Seigneur.

Ces lectures quotidiennes amènent forcement des questions, des besoins d’éclaircissement. Nous pensons que les réponses apportées peuvent être au bénéfice de plusieurs c’est pourquoi nous voulons les mettre à la disposition de tous.

Aujourd’hui nous répondons à deux questions relative au même sujet:

1ère question: Dans Lévitique 17: 10-14, on lit : “Si un homme de la maison d’Israël ou des étrangers qui séjournent au milieu d’eux mange du sang d’une espèce quelconque, je tournerai ma face contre celui qui mange le sang, et je le retrancherai du milieu de son peuple. Car la vie de la chair est dans le sang. Je vous l’ai donné sur l’autel afin qu’il serve d’expiation pour vos âmes, car c’est par la vie que le sang fait l’expiation. … vous ne mangerez le sang d’aucune chair, c’est son sang : quiconque en mangera sera retranché.

Et dans les Actes, on lit aussi à l’attention des païens qui croient (Act. 15:20) : “mais qu’on leur écrive de s’abstenir des souillures des idoles, de l’impudicité, des animaux étouffés et du sang”. (pareil dans Act. 15:29, 21:25)

Est-ce qu’on devrait manger des viandes halal ou cachère pour ne pas manger de sang ? qu’en est-il du boudin et des transfusions sanguine.

2éme question:  Ma question est en rapport avec la loi et la grâce (et la foi). Il est dit dans Romains 3:31 « Anéantissons-nous donc la loi par la foi? Loin de là ! Au contraire, nous confirmons la loi ».

Jésus-Christ dit également dans Matthieu 5:17 « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir ».

Ensuite, je vais prendre deux cas un peu extrême de ce que prescrivait Dieu du temps de la loi. Lorsque l’Eternel s’adresse à Moïse et Aaron dans Lévitique 11:7, il dit
« Vous ne mangerez pas le porc, qui a la corne fendue et le pied fourchu, mais qui ne rumine pas : vous le regarderez comme impur ». Tandis qu’il dit dans Lévitique 18:22 « Tu ne couchers point avec un
homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination ».

Je prends ces deux cas pour que ma question soit claire. J’aimerai donc
savoir où se trouve la limite étant donné qu’on est sous la grâce. Étant sous la grâce, comment distinguer, s’il y a lieu de le faire, les lois précises qui sont d’actualité de celles qui ne le sont plus ? Merci Beaucoup !

Voici la réponse de pasteur Eric:

Bonjour,

Ces deux questions se rejoignent dans le sens où elles nous invitent à questionner l’articulation et la raison d’être des différentes alliances que Dieu a fait avec les hommes. Pour faire simple, pourquoi avoir un Ancien et un Nouveau Testament et est-ce que le Nouveau Testament annule l’Ancien ? Pour précisions, Testament dans le contexte biblique doit se comprendre par Alliance. Il y a donc une Ancienne Alliance et une Nouvelle Alliance.

Pour répondre, posons d’abord le contexte général qui explique la nécessité de ces Alliances ; Dieu est l’auteur de la création, une création parfaite et bonne, dans laquelle Il a placé un être fait à son image, l’Homme, pour être en relation parfaite avec Lui pour l’éternité.

Malheureusement, le récit de cette création, en Genèse 1 à 3, nous apprend que le péché, le mal, est entré dans la création et que désormais, l’Homme a perdu sa place, son lien, avec Dieu, par le choix d’Adam et Eve, qui étaient les prémices de l’humanité. A travers leur choix, toute l’humanité est devenue soumise à la condamnation (Romains 5.12 et 3.9 à 12). Car, nous dit la Bible, il y a un prix a payé pour le péché et nous sommes donc tous pécheurs. Le prix du péché, c’est la mort et la condamnation éternelle (Romains 6.23). Dieu étant parfaitement juste et bon, Il souhaitait sauver les hommes mais devait trouver un moyen de payer le prix du péché pour nous car nous en étions incapables. Par amour incroyable pour nous, Il a donc décidé de prendre nos péchés sur Lui en se faisant homme et en souffrant pour nous tous, Lui qui était parfait. Pour nous qui avons accepté Jésus comme sauveur, cela nous semble peut-être simple à réaliser ; Il s’est fait homme et il a donné sa vie.

Mais les choses n’ont pas été si simples à mettre en place pour que la mort de Jésus revête toute sa signification à nos yeux et que le message de grâce puisse être envoyé à tous les hommes pour qu’ils choisissent de répondre ou non à l’appel de Dieu (Jean 3.16). Dieu ne fait rien au hasard et n’est pas pris au dépourvu mais ses plans sont parfois préparés de (très) longue date. Quand Jésus, Dieu fait homme, vient au monde, il naît dans une société qui est enseignée au sujet du vrai Dieu unique, éduqué en tant qu’enfant dans le respect de Dieu par ses parents. Il entre dans son ministère/service d’enseignement pour nous montrer l’exemple d’une vie qui suit Dieu en accomplissant des actes qui sont autant de signes pour ses contemporains, accomplissant des prophéties qui ont été prononcées des centaines d’années avant au plus tôt. De même, quand il montera à la croix, les hommes qui font couler son sang sur le bois ne réalisent pas encore que c’est un rappel extraordinaire de l’agneau de Pâques, du sang qui fut mis sur les linteaux de bois des portes pour protéger les hébreux en Égypte avant leur libération de l’esclavage bien longtemps avant. C’est un signe que la mort de Jésus à la croix nous apporte la libération de la mort spirituelle, de l’esclavage auquel conduit le péché. Le sang de Jésus qui coule sur la croix n’est pas magique en soit. Tout en étant pleinement Dieu, Il était pleinement homme également. Mais la valeur de ce sang tient dans le fait qu’il représente la vie du fils de Dieu donné pour nous. Il en est en vérité de même dans tous les rites qui ont été promulgués dans l’Ancienne Alliance. Et Dieu avait ainsi tout préparé longtemps à l’avance.

Dieu s’est choisi un peuple pour y faire venir Jésus. En fait, il a fait plus que le choisir ; il l’a fait venir à l’existence de façon miraculeuse ! En effet, il s’est choisi un homme qui a répondu par la foi à son appel. Abram accepte de suivre Dieu par la foi. Trop vieux pour avoir un enfant, Dieu lui suscite une descendance de façon miraculeuse, lui donne un nouveau nom, Abraham, le père des croyants, et commence ainsi à mettre en place le contexte dans lequel doit venir Jésus avec les symboles et commandements ; les hommes doivent être rachetés par un sacrifice ; Dieu met donc en place tout un système de sacrifice d’animaux qui ne sont qu’une pâle figure du sacrifice parfait de Jésus mais qui en sont l’annonce. En ayant foi dans les sacrifices imparfaits commandés en Lévitique, les hébreux plaçaient en fait leur foi dans le sacrifice parfait de Dieu qui était ainsi annoncé et à venir. L’importance donné au sang dans les rites de l’Ancienne Alliance est annonciatrice du sang de Jésus qui allait coulé pour nous.

Le sang est un excellent symbole car concrètement, c’est lui qui assure la vie au corps humain, transportant l’oxygène et tous les éléments nécessaires à la vie du corps. Dans les parties du corps où le sang ne circule plus, les chairs meurent. De même, en secourisme, on apprend que la priorité des soins doit porter avant toute autre chose sur une éventuelle perte de sang importante car le corps ne peut vivre s’il perd son sang ; le sang est bien un excellent symbole de la vie tel que Dieu l’a créé. Mais il n’a pas de propriété spirituelle ou magique en lui-même. Son importance tient, pour la vie, dans le rôle fonctionnel vital qu’il joue. Et c’est la valeur symbolique qu’il revêt que Dieu utilise.

Bien que Dieu donne un certain nombre de rites dans l’Ancienne Alliance qui deviendront ensuite un support pour comprendre la Nouvelle Alliance, dès les textes de l’Ancien Testament, ces rites sont relativisés. Je vous propose deux exemples pour voir cela :

– Le temple de Jérusalem était dans l’Ancienne Alliance le lieu de la présence de Dieu au milieu de son peuple. Dieu rencontrait son peuple dans le lieu très saint à travers le souverain sacrificateur, au cœur du temple, derrière un rideau. Au moment où se fait le passage à la Nouvelle Alliance où désormais la présence de Dieu, le temple, est annoncée comme étant en chaque croyant, le voile se déchire symboliquement de haut en bas, marquant que c’est Dieu lui-même (la déchirure commence en haut, Marc 15.38) qui promulgue cela. Mais dès l’inauguration du premier temple de Jérusalem, son principal architecte, le roi Salomon, relativise le symbole du temple en rappelant que Dieu est bien plus que cela et que ce simple temple ne saurait suffire pour contenir le créateur de l’univers (1 Rois 8.27 à 29). Il en souligne ainsi la valeur surtout symbolique.

– Le lévitique décrit avec force détails tous les sacrifices que Dieu exige de son peuple et la valeur, la portée, qu’ils ont pour l’Ancienne Alliance. Mais dès l’Ancien Testament, Dieu relativise ces sacrifices en annonçant par le psalmiste (Psaume 40.5 à 9) ou encore dans les Proverbes (15.8 et 9) que ce qui compte surtout n’est pas tant le sacrifice lui-même mais bien plutôt l’esprit dans lequel est fait le sacrifice.

Ce dernier exemple en particulier nous offre une piste pour comprendre comment doivent être considérés les rites de l’Ancienne Alliance. Quand Jésus déclare qu’il n’est pas venu « abolir mais accomplir la loi » (Matthieu 5.17), Il exprime le fait que les rites de l’Ancienne Alliance annonçaient sa venue et avaient pour raison d’être cette venue future. Mais il rappelle aussi par là que c’est bien le même Dieu qui a établit ces deux Alliances et que par conséquent, l’esprit de foi et d’obéissance à Dieu, la nature de Dieu et tous ses attributs ne sont pas remis en question.

Comment savoir ce qui doit être conservé de l’Ancienne Alliance, du coup ? Comment faire le tri entre ce qui était uniquement un rite symbolique préparant la Nouvelle Alliance et une ordonnance encore en vigueur ?

On peut se fixer quelques règles simples pour l’essentiel :

– Concernant Dieu, il ne saurait être sujet à variation ; ce qui est dit de Lui sur sa personne, son caractère, ses attributs, sa puissance, … n’est pas sujet à variation mais reste toujours vrai (Jacques 1.17).

– Concernant l’Homme (homme et femme), il a été créé à l’image de Dieu et par conséquent l’éthique et la morale ne changent pas. Jésus lui-même y fait référence dans Matthieu 19.4 à 6 en citant la Genèse ; le mariage concerne un homme et une femme qui sont liés pour la vie sur cette terre. Ce passage de Matthieu est d’ailleurs intéressant car il montre qu’une règle de l’Ancienne Alliance a été édictée par Moïse en réponse à la dureté de cœur des hommes (Mt 19.8). Jésus souligne dans ce passage que ce qui s’applique dans la Nouvelle Alliance, c’est ce qui était dès l’origine (verset 8) et que c’est l’esprit dans lequel les choses sont faites qui importe. Ainsi quand on amène à Jésus une femme qui a été prise en situation d’adultère et que les hommes soulignent que la règle est de la lapider, Jésus va les en décourager appliquant plutôt une règle d’amour qui tâche de relever le pécheur. Pour autant, à aucun moment il ne prétend qu’il ne s’agit pas d’une faute mais l’invite au contraire à ne plus pécher (Jean 8.11). Ainsi, dans la Nouvelle Alliance, les mêmes considérations s’appliquent concernant la morale, les relations homme/femme, la sexualité, la maîtrise de soi, ne pas voler, ne pas tuer, … Mais nous sommes invités à le vivre avec amour. Dieu n’a pas changé ; le péché est toujours insupportable pour lui et le salaire du péché est la mort. Nous ne sommes donc pas invités à supporter le compromis par un prétendu amour qui ne serait en fait qu’un laxisme (vis-à-vis de nous-même ou des autres) car Jésus a dû subir une mort atroce pour payer pour cela. Mais le traitement du pécheur doit se faire avec amour.

– Concernant toute la partie rituelle de l’Ancienne Alliance, il ne s’agissait que de l’ombre de la Nouvelle Alliance qui était ainsi préparée. C’est ce que Paul souligne en Colossiens 2.16 : « Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou au sujet d’une fête, d’une nouvelle lune, ou des sabbats : c’était l’ombre des choses à venir, … ».

Pour les prescriptions alimentaires en particulier, il faut retenir comme l’enseigne Jésus que « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme ; mais ce qui sort de la bouche, c’est ce qui souille l’homme » (Matthieu 15.11) et que toute nourriture est bonne tant qu’elle est prise avec reconnaissance pour Dieu qui veille sur nos besoins (1 Timothée 4.4 et 5).

Bien sûr, pour les israélites qui vivaient l’Ancienne Alliance depuis si longtemps, la transition fut compliquée. Certains enseignaient que les païens qui se convertissaient devaient se faire circoncire par exemple, ou même se conformer à toute la loi juive. Les principaux responsables de l’Église se sont donc réunis à Jérusalem pour essayer de trancher cette épineuse question. Suite à la conversion de Corneille par le ministère de l’apôtre Pierre (Actes 10), il était devenu évident que l’évangile était aussi offert aux peuples païens. Comprenant que c’est la foi qui sauve et que la loi n’est que le révélateur du péché (Romains 3 et 4), ils décidèrent de ne pas imposer de suivre toute la loi aux non juifs. Néanmoins, héritiers de la loi, ils ne purent se résoudre à les en affranchir totalement tout de suite et ils gardèrent 4 règles ; de s’abstenir des souillures des idoles, de la débauche, du sang et des animaux étouffés (Actes 15.20).

Il faut bien comprendre que dans ce passage, la Bible nous rapporte une histoire. C’est le récit de ce que des hommes, des chrétiens ont fait et dit. Il ne s’agit pas d’une prescription de Dieu mais d’un récit. Concernant s’abstenir de la débauche, il s’agit d’un principe moral qu’il est en effet bon de suivre. Néanmoins, concernant les restrictions alimentaires, Dieu avait déjà été dans un sens différent avec Pierre, lui enseignant que désormais pour les hommes comme pour la nourriture, la règle changeait. Mais c’est Paul qui « enfoncera le clou » en 1 Corinthiens 8, en évoquant justement les viandes sacrifiées aux idoles. Il établit clairement dans ce chapitre que l’on peut en manger dans la mesure où l’on est conscient que les idoles n’existent pas et que Dieu est le seul vrai Dieu. L’on en revient donc à ce que nous évoquions au paragraphe précédent. Comme l’enseigne Jésus, les prescriptions alimentaires n’ont plus lieu d’être. Elles appartenaient à cette partie de l’Ancienne Alliance qui a été accomplie.

Il nous reste pour conclure à souligner ceci :

– Ce que Dieu attend de nous, c’est que nous soyons des adorateurs en esprit et en vérité, que nous construisions avec Lui une relation véritable et personnelle qui s’affranchit de ce qui n’était que l’ombre des choses à venir.

– Ancien ou Nouveau Testament, nous devons rester à l’écoute de la Parole de Dieu. Bien que réalisant que certaines prescriptions de l’Ancienne Alliance étaient accomplies, l’apôtre Paul écrivait à son fidèle Timothée pour souligner que toute l’Écriture est utile pour enseigner et instruire dans la justice afin que nous soyons équipés pour le service où Dieu nous appelle. Ce qui est déjà accompli n’en est que plus précieux pour nous servir d’exemple et nous enseigner. Pas un iota de la Parole n’est à retrancher.

Pasteur Eric LeDily