Aujourd’hui nous répondons à la question suivante:

Romains chapitre 4, je ne comprends rien ! La justification par la loi, “la foi imputée a justice” Pouvez-vous m’éclairer sur ce chapitre?

Pour bien comprendre le chapitre 4 de l’épitre de Paul aux Romains, il est nécessaire de se replonger dans le contexte du judaïsme et plus précisément de la force de la Loi de Dieu en tant que principe fondateur de la piété personnelle mais aussi de la constitution de la nation d’Israël. Paul s’adresse ici à des juifs dont certains sont devenus chrétiens, mais ils contestent que le ministère de la Loi soit rabaissé au profit du ministère de la grâce, ils contestent aussi l’abandon de la nécessité de la circoncision pratique fondamentales d’entrée dans le judaïsme pour tous les enfants mâles.  En effet, le débat porte ici sur la justification aux yeux de Dieu des païens qui croient en lui par Jésus Christ par rapport aux juifs qui ont toujours cru que seule la connaissance et l’application de la Loi divine pouvaient justifier quelqu’un devant Dieu.

Quel est le sens de justifier ici ? Il s’agit du sens habituel auquel est tout de même associé la notion de salut éternel apporté par Dieu. Le juste est donc celui qui observe et pratique toute la Loi de Dieu. Dans le chapitre 4 l’apôtre Paul fait un rappel important aux juifs présents dans les églises auxquels il s’adresse.

Premièrement il indique que son rappel est fondé sur les Écritures Saintes, verset 3 : « Car que dit l’Écriture… ». Il souligne ainsi la force de son argument car il s’appuie sur la Bible.

« Abraham eut confiance en l’Eternel et cela lui fut imputé à justice. » Genèse 15. 6

Ce que va démontrer l’apôtre Paul c’est que, c’est bien la confiance d’Abraham qui a de la valeur pour Dieu, c’est en ce sens qu’elle lui est imputée ou attribuée comme une justice. Il compare ensuite le salaire qui est un dû à celui qui travaille pour produire quelque chose, à celui qui croit et qui reçoit de la part de Dieu. On a donc d’un côté, l’œuvre et le salaire qui lui correspond et de l’autre la grâce à laquelle correspond la foi de celui qui y croit. Cette foi est imputée, c’est-à-dire attribuée, conférée ou accordée, en tant que justice devant Dieu à la personne qui l’exerce. La foi à valeur de justice aux yeux de Dieu.

L’apôtre Paul s’appuie encore sur un autre personnage biblique important à savoir le roi David, qui exprime ainsi la joie d’avoir été pardonné de son péché, il dit : « Heureux celui à qui la transgression est remise, A qui le péché est pardonné ! Heureux l’homme à qui l’Éternel n’impute pas d’iniquité, Et dans l’esprit duquel il n’y a point de fraude ! » Psaumes 32. 1-2

Ici le problème posé est de savoir si ce ‘Bonheur’ n’est que pour les circoncis ou est-il accessible aux incirconcis ? Revenant à Abraham, Paul montre que cette justice ou justification obtenue par le roi David, a été obtenue par la foi, à l’instar du patriarche Abraham avant sa circoncision, laquelle est venue plus tard, comme ; « sceau de la justice qu’il avait obtenue par la foi quand il était incirconcis ». Romains 4. 11. Ce qui signifie que la circoncision d’Abraham n’a été que le signe visible qu’il avait reçu la justice par la foi et non pas que la justice s’obtient par la circoncision (obéissance à la loi).

Au verset 13, il parle de l’héritage du monde en ces termes : En effet, ce n’est pas par la loi que l’héritage du monde a été promis à Abraham ou à sa postérité, c’est par la justice de la foi. Là encore il oppose loi et foi pour souligner que les promesses de Dieu s’acquièrent par la foi qui est l’expression de la justice selon Dieu et non pas par la loi.

Paul cherche à expliquer la raison pour laquelle Dieu a donné à la loi à l’Humanité. Ce n’est pas pour qu’elle se déclare juste, mais pour qu’elle prenne conscience qu’elle est incapable de la mettre en pratique parfaitement ! C’est pourquoi, il déclare plus loin (v. 14) que ; « la loi produit la colère », et en effet, à cause de la transgression dont nous sommes tous coupables, il y a sur l’homme et chacun de nous en particulier comme un poids de colère, un jugement immanent, à moins que nous nous repentions et que nous cherchions la grâce de Dieu, laquelle s’obtient par la foi. 

Aux versets 18 et 19, l’apôtre montre l’étendue extraordinaire de l’œuvre de la foi d’Abraham ; « Espérant contre toute espérance, il crut, en sorte qu’il devint père d’un grand nombre de nations, selon ce qui lui avait été dit : Telle sera ta postérité. Et, sans faiblir dans la foi, il ne considéra point que son corps était déjà usé, puisqu’il avait près de cent ans, et que Sara n’était plus en état d’avoir des enfants. » Il est devenu père d’une grande nation, non par les œuvres, c’est-à-dire, par la force, par la politique, par ses manœuvres, par son travail… ni par aucune autre de ses qualités personnelles mais uniquement par la foi.

Plus loin aux versets 20 à 22, il nous dit encore ; « Il ne douta point, par incrédulité, au sujet de la promesse de Dieu ; mais il fut fortifié par la foi, donnant gloire à Dieu, et ayant la pleine conviction que ce qu’il promet il peut aussi l’accomplir. C’est pourquoi cela lui fut imputé à justice. La fin du chapitre nous est réservée car l’apôtre écrit ; Mais ce n’est pas à cause de lui seul qu’il est écrit que cela lui fut imputé ; c’est encore à cause de nous, à qui cela sera imputé, à nous qui croyons en celui qui a ressuscité des morts Jésus notre Seigneur, lequel a été livré pour nos offenses, et est ressuscité pour notre justification ». A nous aussi la justice est imputée, accordée, attribuée par la foi en Jésus Christ, plutôt que par les œuvres comme s’il s’agissait d’un salaire.

Ce qu’il faut retenir de ce très beau chapitre 4, c’est que l’apôtre nous démontre autant qu’aux juifs de son temps que c’est celui qui exerce la foi qui est agréable à Dieu. Non point que les œuvres ne soient point importantes mais elles sont la conséquence de la marche par la foi et non pas l’inverse, comme si pour plaire à Dieu je devais faire un grand nombre d’œuvres toutes plus importantes les unes que les autres.  

Xavier Mainguy